J’adore t’écrire !
Qui n’a jamais voulu se réveiller en étant autrui ?
-Moi !
Qui n’a jamais voulu se réveiller en étant elle ?
-Moi !
Qui n’a jamais voulu se réveiller en étant une chose ?
-Moi !
Et pourtant, c’est mon quotidien.
Je suis lasse de changer d’âme, de corps, de lieu, de sexe, de matière, de style et de nature. Une fois, je pense il, une autre je pense elle. Ce qui ne change pas c’est le temps.
Difficile de me décrire. J’ai cette chance de suivre tout le monde, d’être à la fois partout et nulle part.
Je vous espionne, empiète votre espace environnant et épie votre vie. Je la connais par cœur. Je disparais à la tombée de la nuit, et j’apparais à l’aube, à la lueur du soleil. Étonnement, la lumière reste mon principal ami.
On se fout royalement de mon existence, comme je me moque de la vôtre. Je ne suis pas utile et j’existe malgré tout dans cet univers ; même sur mars et Jupiter.
Ma grande qualité, c’est que je suis insaisissable, indomptable, indolore et incollable sur vos petites manies de vie. Mon principal sport c’est de vous narguer. Parfois, je suis plus grande d’autre fois plus mince et je vous donne des complexes. Ce que je peux vous dire : je vous ressemble mais en mieux. J’ai cette liberté de vous coller ou d’être distant. A l’heure où je vous parle, je m’attache à vos corps, à vos pieds, à vos mains. Vous ne pouvez pas me toucher. Je me ballade là où cela me chante.
J’ai cette envie indéniable d’être une seule personne mais avec plusieurs pensée ou un seul objet avec plusieurs fonctions. Un seul corps. Je ne pourrais connaître cette exclusivité, cette unicité qui me taraude.
Plus j’avance dans le temps, plus je m’ennuie de cette immortalité. Mon temps reste monotone car je n’ai pas d’âge. Ma naissance existe-t-elle, je ne suis pas certaine ? Ma mort, c’est la même histoire. Je n’ai pas de forme, car j’en suis plusieurs en même temps. Polymorphe !
Je vous guette de votre lit, au toilette, dans votre douche, au travail. Ce tout pouvoir me blase. Qui ne rêverait-il pas de l’avoir ?
J’ai un petit aveu à vous révéler, ou plutôt un souhait j’ai toujours voulu être l’ombre de mon ombre.